Adossé contre un mur, n’attendant rien ni personne, vadim s’évade dans les lignes vagues qui souvent l'emportent. C’est quand il tourne une page qu’il remarque l’autre.

Ses cheveux bruns qui s’agitent, ces cheveux bruns qui resplendissent un peu trop pour vadim, un peu trop pour tout le monde qu’il ne pourrait s’empêcher de penser, comme s’il y avait toute la ruelle qui en le croisant pourrait arrêter de respirer. Pourtant, c’est faux, il y a tout le monde qui passe, plein de gens qui tracent leur route sans le remarquer, sans même jeter un œil sur cet Ivan qui est pourtant bien là. Il avance presque invisible, presque translucide, mais pas pour ce vadim.

lui, il se désintéresse de ses pages, il le fixe, comme il l’a toujours fixé, de loin ou de plus près sans qu’on puisse vraiment savoir ce qu’il y avait dans ses pensées.

vadim attend le rouge, celui qui passe sur les joues du garçon quand ils se remarquent, quand leurs regards s’étreignent pour une première fois, mais une dernière aussi. Parce qu’Ivan, il fuit souvent, Ivan, il fuit tout le temps. Délice. C’est ce qui se plante dans ses entrailles à chaque fois qu’il détourne la tête, à chaque fois qu’il essaye, sans doute, d’oublier que vadim d’un regard se frotte sur lui, s’accroche à cette peau afficher qu’il ne peut plus lâcher. Griffes enfoncées. vadim attend la chair, il s’abreuve d’Ivan, de sa gêne et de ses soupirs, de ses mouvements et ses sourires, vadim il va même à chercher ce qu’il ne devrait pas voir, à ce qui devrait rester dans le noir. La maman lui prête ses yeux pour qu’il puisse s’informer au mieux.

vadim, il ne remarque même pas qu’il fait des pas, qu’il suit sa proie. Il ne joue même pas les ombres, non, il veut que l’autre le voit, et lui sourire de toutes ses dents.

((petit serpent))

Le pas militaire et dans la tête ligne droite
maman maman maman
mauvais pressentiment
il court presque jusqu'à la maison pour être sûr, mais il le sent, ça fait comme des fourmillements, quand son cœur se serre et qu'elle ferme les yeux qu'elle tremble au lieu de fixer l'écran. Pas rapides qui dévie lentement quand dans son champ de vision il reconnaît les cheveux de feu le regard malicieux. Ses joues qui deviennent vermillon, un -putain- échappé entre les dents.
Il fait ce qu'il a toujours fait : il fuit. Accélère le pas quand il entend le sien. Retient son souffle quand il l'imagine trop près de sa peau. À chaque fois il a le regard qui défie le Dieu sacré qui le gifle mentalement, il imagine le regard de son père il s'imagine tomber à genoux devant son lit pour prier pour oublier. Oublier les regards les mauvaises pensées.
Cette fois c'est pire, le pas derrière lui qui oppresse. Il pense à sa mère qu'il doit retrouver il pense à la fuite à son souffle coupé, aux yeux de Vadim à son sourire quand il le voit gêné. Il se demande si un jour il finira par exploser. Si il osera lui dire : arrête de me regarder, arrête de me voir comme ça. Quand la lumière s'éteint j'aimerais ne pas penser à toi.
C'est pour ça qu'il se retourne -quand il le voit plus près encore ses muscles se tendent. « Dégage. » Grogné comme un animal furieux avant d'attaquer.
Mais Ivan, il n'attaque jamais. Il se cache il se fait oublier.