(s a c
r i f
i c e)
il n’y a pas d’étoiles dans le ciel ce soir. il n’y en a pas souvent de toute façon mais les lumières des lampadaires rouillés effacent le peu de lumière naturelle dans la nuit.
je m’en fiche, je m’en fous, ce n’est pas ça qui me tracasse.
ce n’est pas non plus le froid glaçant. quand on grandit ici, quand on prend l’habitude de jouer dans la neige, de courir, glisser sur la glace, on s’habitue.
(hier soir, je n’aurai pas pu avoir plus peur. et moi qui essaie de me calmer, de respirer, de ne pas mourir ou me faire mourir. putain, je comprends pas, je comprends pas ce que j’ai fais de mal, je comprends pas pourquoi on me traque et on me fait subir ça. ce que j’ai vu, je ne veux plus le voir, jamais. ces animaux. ce feu, ce sang, ces rires, ces mots. c’était la pièce de théâtre la plus lugubre, la plus horrifiante que j’ai jamais vu, et ce n’était pas une pièce de théâtre)
on devient plus fort, j’imagine.
ce soir, la nuit me transperce particulièrement.
je suis adossée à un mur et je fixe l’extrémité du bâtiment depuis tout à l’heure - en fait je pense que mes yeux regardent dans le vide. j’ai envie de bouger mais aucune énergie, et on dirait que je suis coincée.
je n’ai pas envie de penser, et encore moins de réfléchir, à ce qui s’est passé hier.
(la vie est parfois ironique, sans faire exprès j’imagine ; je sais que je couche avec de la vermine, des crapules, mais ça.
trouver l’homme avec qui on a passé la nuit, faire quelque chose comme ça.
la vie va m’achever dans pas longtemps à ce rythme là.
l’odeur du sang me hante encore)
la neige rentre dans mes talons, le vernis de mes chaussures s’en va doucement. mélancolie quand tu nous tiens.
j’entends du bruit pas loin.
mais j’ai envie de voir personne.
dieu, t’es vraiment un salaud.