misha, où on en est, toi et moi ?
on est perdu, dans la neige, on est des enfants que la vie a voulu voir dans son triste tableau mais maintenant on repeint je ne sais trop quoi. des babioles, sûrement, on est pas de grands chef d'oeuvre ça non.
est-ce que la pluie même a recouvert nos âmes, pour qu'on pleure comme ça quand on en peut plus ? misha, j'ai le spleen dans la peau depuis que je t'ai rencontré. tu peux pas vraiment comprendre à quel point ta voix me bouleverse et combien les reliefs de ton esprit m'offrent de nouvelles nuances à mettre à ma palette. rien que maintenant, tu vois, je te regarde, on marche ensemble, t'as l'air si bien, mais je sais que demain tu vas retomber. et moi, j'ai pas tellement envie que tu sombres. t'aurais pu naître partout ailleurs qu'ici. ça t'aurait donné des ailes pour t'envoler.
j'peux pas te porter aussi bien que tu le crois. moi aussi j'ai des frontières, mais ça je te le dis pas. parce que si je le dis, on se casse la gueule.
à la place je te regarde, je t'admire, je t'aime, tu es mon ami.
où sont les lumières qui dansaient dans tes yeux à ta naissance ?
où sont les mille couleurs qui pavanaient sur tes lèvres quand tu étais petit ?
je regrette tellement de ne jamais les avoir vues.
regarde, sankin fait de toi un être de plus en plus gris.
misha, je veux pas que ça t'arrive.
avec moi, j'te le promets, j'essaierai de te redonner une à une les nuances d'hier. je te promets tout ce que tu veux si tu tombes pas comme eux, si tu t'abîmes pas ailleurs.
je sais que tu es différent. tu as autre chose.
misha, ça je te le dis à chaque fois que je te regarde. je sais pas si tu le comprends.